Sur le marché saturé des comédies romantiques de fin d’année, Netflix a décidé que cette année, un baiser sous le gui ne suffisait pas ; il fallait une fusion d’entreprise à haut risque. Champagne Problems n’est pas seulement un film, c’est un fantasme de style de vie soigneusement orchestré.
Oubliez les boulangeries de village et les pulls en laine tristounets ; ici, le postulat nous transporte dans le haut de gamme, dans le monde des fusions et acquisitions (M&A) où l’amour n’est, au départ, qu’une variable non quantifiée sur une feuille de calcul Excel. Le film nous présente un dilemme de nantis — littéralement un « problème de champagne » — mais il le fait avec une autodérision intelligente.
L’histoire suit Sydney Price (Minka Kelly), une dirigeante américaine dont l’ambition est aussi aiguisée que ses talons. Sa mission : atterrir en France et assurer le rachat de Château Cassell, une marque de champagne légendaire, avant que l’horloge ne sonne Noël. C’est Succession avec des guirlandes lumineuses, ou Emily in Paris si Emily avait dû présenter un bilan trimestriel des pertes et profits.
Le Conflit : Minka Kelly contre le Charme Français.
Minka Kelly, que l’on a vue naviguer dans des drames intenses de Friday Night Lights à Euphoria, a avoué que ce rôle était un souhait personnel exaucé : « Faire une comédie romantique est quelque chose que j’ai toujours voulu faire », a-t-elle récemment admis. Et cela se voit. Sydney Price n’est pas la protagoniste typique qui déteste Noël ; c’est une femme moderne qui lutte contre la « culpabilité de la productivité ». Kelly l’interprète comme quelqu’un qui a besoin d’une permission pour profiter, une réflexion assez humaine sur notre culture du « vivre pour travailler ».
L’obstacle à son plan directeur a un nom et un accent français : Henri Cassell (Tom Wozniczka). Après une rencontre fortuite et électrique dans les rues de Paris, Sydney découvre le lendemain matin que son rendez-vous d’un soir n’est autre que le fils du fondateur de l’entreprise qu’elle veut démanteler (ou « restructurer », en jargon d’entreprise). Wozniczka, connu pour Slow Horses, apporte une gravité charmante au rôle. Il n’est pas seulement le bellâtre ; il est la résistance culturelle, le défenseur du champagne en tant qu’art et héritage, et non comme un simple actif liquide pour un conglomérat étranger.
La Concurrence : Excentriques et Citations Mémorables.
Ce qui élève vraiment Champagne Problems au-dessus d’une romance standard pour en faire une comédie de chœur intelligente, c’est le zoo de concurrents qui entoure le vignoble. Sydney n’est pas le seul requin dans le bassin ; le patriarche Hugo Cassell (Thibault de Montalembert, distillant l’autorité française) a ouvert la compétition, montant les acheteurs potentiels les uns contre les autres.
C’est là que le scénario de Mark Steven Johnson brille par ses dialogues vifs. Nous avons Roberto Salazar (Sean Amsing), un autre acheteur, qui décrit la situation avec une phrase qui mériterait d’être imprimée sur des t-shirts : « C’est Moulin Rouge sans la tuberculose. » Une description parfaite du glamour aseptisé et chaotique qui entoure l’intrigue.
Et puis il y a le facteur chaos : Flula Borg dans le rôle d’Otto Moller. Borg, un maître de la comédie absurde, vole la vedette en interprétant un concurrent aux opinions très arrêtées sur la pop culture de Noël. À un moment du film, Otto défend passionnément le film Piège de cristal (Die Hard), déplorant le sort de son méchant : « Pauvre Hans Gruber. Profondément incompris. En Allemagne, c’est considéré comme une tragédie. » Ces touches d’humour désinvoltes empêchent le film de se noyer dans son propre sirop romantique.
Derrière les Caméras : Le « Ballet Nocturne » en Champagne.
Pour capturer cette atmosphère éthérée qui transperce l’écran, la production a pris une décision logistique brutale mais efficace : tourner de nuit. L’équipe s’est lancée dans ce qu’elle a appelé un « ballet nocturne », filmant rigoureusement de 19 heures à 3 heures du matin pendant dix jours consécutifs dans la région de Champagne.
Pas d’écrans verts ici. Les lieux sont réels. Le fictif Château Cassell est en réalité le Château de Taissy, un joyau architectural du XVIIe siècle. Les rues que parcourent les protagonistes sont l’authentique Avenue de Champagne à Épernay, connue comme l’avenue la plus chère du monde en raison des millions de bouteilles qui dorment sous son asphalte.
Cette vapeur que vous voyez sortir de la bouche des acteurs n’est pas un effet spécial ; c’est le froid réel de l’hiver français, ce qui ajoute une couche d’authenticité tactile à chaque scène. Quand vous voyez Minka Kelly emmitouflée jusqu’au nez, croyez-la : il faisait vraiment froid.
Le Verdict Anticipé.
Champagne Problems promet d’être cette coupe que vous ne saviez pas qu’il vous fallait. Il ne cherche pas à réinventer la roue, mais à la faire tourner avec plus de style. C’est une exploration visuellement éblouissante de la bataille entre l’efficacité américaine et le savoir-faire français, le tout enveloppé dans une bande-son de Ryan Shore qui promet de toucher juste la bonne corde sensible.
C’est un film pour ceux qui soupçonnent que le véritable amour pourrait être caché dans un vignoble, ou pour ceux qui apprécient simplement de voir de belles personnes avoir des problèmes compliqués dans des endroits chers.
Préparez les coupes et le canapé. La réservation est faite pour le 19 novembre sur Netflix.

