Il est dit que les papillons de nuit parcourent le monde, intrigués et ensorcelés par la lueur argentée de la lune et des étoiles. Nous autres, partageons avec les éphémères cette attraction irrésistible envers la lumière. C’est précisément de cette lueur captivante, cette danse entre l’ombre et la clarté, que traite l’exposition Lux Veniat d’Olivier Lépront qui, tel un alchimiste, capture sur la toile les reflets kaléidoscopiques de la lumière éthérée, fugace, en perpétuelle mutation.

Dans son travail pictural, Olivier Lépront utilise divers objets comme prétextes pour explorer la dimension de la lumière. Doudounes, couvertures de survie, sacs à dos, manteaux pour chiens et autres objets insignifiants deviennent des sujets emblématiques élevés au rang d’icônes par l’artiste. Fasciné par les drapés des grands maîtres de la Renaissance, il transforme la surface réfléchissante de ces objets en un paysage à part entière, où la peinture à l’huile devient le vecteur de sa quête d’intensité et de virtuosité. Sa palette est riche, sa touche se fond dans les roses, les jaunes, les bleus. Face à l’oeuvre intitulée Emballage sacré (2023), où l’on devine une statuette de la Vierge pudiquement enveloppée dans une feuille d’aluminium, notre regard s’attarde sur les coups de pinceau qui taillent avec minutie la profondeur, les plis et les reflets. C’est un jeu d’illusion où la technique est subordonnée à la volonté de faire jaillir la lumière à travers les toiles.

Chaque tableau est le résultat d’un processus de mises en scène et de recomposition de l’image dans des cadrages souvent serrés. Dans cette démarche, l’artiste partage avec le genre de la nature morte la quête d’une expression de l’essence du réel. Mais tandis que la nature morte relève du monde silencieux et immobile, ses peintures sont vibrantes, animées, aussi vacillantes que la lumière qu’elles représentent. Si l’on est tenté·e d’évoquer également des similitudes avec l’hyperréalisme américain pour ses trompe-l’oeil et ses sujets obsessionnels, la quête d’Olivier Lépront semble ailleurs. Pour lui, « peindre apporte une forme d’appétit du réel » et sa peinture, débordante d’une certaine gourmandise, invite à réenchanter notre perception de la réalité. Il émane en effet de ses toiles une impression mystérieuse voire mélancolique, provoquée par ces objets dont les propriétaires semblent avoir déserté la composition. Dans Chaperon rouge (2023) notamment, un manteau délaissé repose sur le sol tout en conservant une certaine droiture, encore empreint d’une forme humaine qui se découvre en creux.

L’artiste nous incite à plonger dans la peinture, à quitter le réel pour basculer dans le merveilleux. Si l’illusion de la nature morte est présente, la vitalité de ses tableaux est indéniable. Il nous entraîne dans un mouvement hypnotique, nous faisant glisser peu à peu dans l’abstraction des surfaces incandescentes. Et à cet instant, peut-être nous pousse-t-il des ailes et peut-être devenons-nous ces papillons de nuit, attirés inéluctablement par les œuvres d’Olivier Lépront. Celles-ci se déploient comme des tableaux vivants, des fragments capturés d’une éternité éphémère, où la lumière transcende la matière.

Lena Peyrard

Commissaire d’exposition et critique d’art

Olivier Lépront
Olivier Lépront. Submersion, 2023, huile sur toile, 96 x 130 cm
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