« Sarah Silverman : Postmortem » sur Netflix : l’humour face au deuil dans son nouveau spectacle

20/05/2025 à 3:26 AM EDT
Sarah Silverman Postmortem
Sarah Silverman Postmortem

Sarah Silverman, humoriste reconnue de longue date pour ses commentaires sociaux audacieux et souvent provocateurs, s’apprête à dévoiler son nouveau spectacle de stand-up, « Sarah Silverman : Postmortem ». Il s’agit de sa deuxième création originale pour le géant du streaming, après le succès critique « A Speck of Dust » en 2017. Cependant, « Postmortem » s’aventure en territoire profondément personnel, son thème central et incontournable étant la manière dont Silverman traverse, avec humour, une immense tragédie personnelle : le décès récent de ses deux parents. Son père, Donald, et sa belle-mère, Janice, sont décédés à seulement neuf jours d’intervalle en mai 2023.

L’immédiateté de ce deuil, abordé si publiquement et avec humour dans un laps de temps relativement court – le spectacle ayant été filmé durant sa tournée de 2024 – confère au projet un risque palpable et un potentiel d’une puissance profonde.

« Postmortem » : Trouver l’humour dans l’impensable

Le spectacle vise à trouver de l’humour dans le processus universel, mais singulièrement personnel, du deuil, explorant l’absurdité du chagrin, la mort et l’étrange affaire des adieux. Les spectateurs peuvent s’attendre à ce que Silverman aborde des moments spécifiques, souvent inconfortables, avec son « esprit caractéristique et son honnêteté intrépide ». Les anecdotes dévoilées en avant-première incluent l’expérience surréaliste de naviguer parmi les offres des pompes funèbres – où elle serait tombée sur « l’affaire de sa vie » – le souvenir précieux des derniers mots de sa mère, les particularités des marathons de séries télé au chevet des mourants, et même un pet inopportun.

Le slogan officiel, « Le deuil n’a jamais été aussi drôle », souligne audacieusement le ton « sombrement hilarant » du spectacle, promettant une heure qui cherche à transformer la perte en rire sans sacrifier la profondeur émotionnelle. Le contenu est constamment décrit comme « profondément personnel », « brut » et « vulnérable », invitant le public à découvrir un chapitre significatif et formateur de la vie de Silverman. Une source note : « De ce deuil naît “Postmortem”, une exploration brute, drôle et profondément humaine de l’amour, de la mort et du souvenir. »

Le prisme comique de Silverman se concentre souvent sur les détails pratiques, gênants et parfois étranges qui accompagnent la perte – comme l’organisation des funérailles ou les fonctions corporelles inattendues – plutôt que sur de grandes méditations philosophiques sur la mortalité. Cette approche ancre l’expérience universelle du deuil dans des détails identifiables et souvent inconfortables. C’est de ces rencontres quotidiennes avec la mécanique de la mort que provient probablement une grande partie de l’humour « sombrement hilarant », rendant le sujet profond plus accessible en soulignant ses absurdités inhérentes, souvent méconnues. De plus, en plaisantant sur le fait de trouver une « bonne affaire » pour les arrangements funéraires ou par d’autres observations irrévérencieuses, Silverman défie la solennité traditionnellement sombre qui entoure les rituels mortuaires. Il ne s’agit pas simplement de trouver de l’humour dans le deuil, mais plutôt d’utiliser l’humour pour percer les rituels et les attentes sociales qui l’accompagnent souvent, offrant un commentaire sur notre malaise collectif face à la mort et fournissant un exutoire pour des pensées non conventionnelles.

Sarah Silverman Postmortem
Sarah Silverman Postmortem

L’évolution de Silverman

Sarah Silverman s’est taillé une place de choix dans le monde de la comédie avec un style caractérisé par l’humour grivois, l’humour noir, la satire politique et une volonté d’aborder de front les tabous sociaux. Elle adoptait souvent le personnage d’une « femme blanche égocentrique, désemparée ou même cruelle » pour satiriser des sujets comme le racisme et le sexisme, sa blague tristement célèbre, « J’ai été violée par un médecin, ce qui est tellement doux-amer pour une fille juive », illustrant son art aiguisé, concis et percutant de la vanne.

Cependant, une évolution notable vers un style plus conversationnel, introspectif et authentique est perceptible depuis son spécial HBO de 2013, « We Are Miracles », et est devenue particulièrement marquée dans son spécial Netflix de 2017, « A Speck of Dust ». Dans « A Speck of Dust », les critiques avaient noté un « ton plus conversationnel », une augmentation de l’auto-commentaire et le sentiment que Silverman « était simplement elle-même » sur scène.

« Postmortem » apparaît comme un jalon significatif, sinon un point culminant, de cette évolution. Ici, le personnel n’est pas simplement un sujet, mais le cœur même et la force motrice de la comédie.

La création de « Postmortem » : Les coulisses

Le lien personnel profond de Sarah Silverman avec « Postmortem » est souligné par sa grande implication dans sa création. Elle n’est pas seulement la vedette, mais aussi la réalisatrice et productrice exécutive, travaillant aux côtés de ses collaborateurs de longue date Amy Zvi et John Skidmore sous leur bannière de production Best Kept Secret Productions. Ce niveau de contrôle garantit que le spectacle reste une représentation fidèle de sa vision.

Le spectacle a été filmé au Beacon Theatre, salle historique de New York, un lieu dont l’atmosphère à la fois intime et grandiose pourrait bien refléter le délicat équilibre du spécial entre réflexion personnelle et performance publique. La genèse du matériel est aussi brute et immédiate que le deuil qu’il explore. Silverman a ouvertement déclaré qu’une partie du contenu avait été « volée de son éloge funèbre aux funérailles de son père ». Durant les derniers jours de ses parents, elle vivait dans leur appartement pour s’occuper d’eux, une expérience qui lui a offert « une place au premier rang pour observer les moments étranges, banals et même drôles qui entourent la mort ». Cette transformation rapide du deuil brut en matériel comique structuré suggère un besoin urgent d’articuler et de cadrer ces expériences, caractéristique de la manière dont de nombreux artistes traitent les traumatismes ou les événements marquants de la vie. Le spectacle devient ainsi plus qu’un simple divertissement ; c’est un acte public de quête de sens personnelle.

Sa décision de réaliser elle-même un spectacle aussi profondément personnel est significative. Cela garantit que sa vision unique et sa délicate intention émotionnelle soient préservées, à l’abri d’interprétations externes qui pourraient diluer ou dénaturer son parcours profondément personnel. Cela suggère un désir de présenter son histoire selon ses propres termes, sans filtre, ce qui est crucial étant donné le sujet, promettant une distillation très pure de son expérience et de sa perspective comique.

La catharsis et le défi de l’humour noir

« Postmortem » s’apprête à naviguer sur la ligne ténue entre « chagrin et hilarité », offrant ce qui est décrit comme une « expérience cathartique et profondément humaine ». Cependant, le chemin vers cette catharsis n’est pas sans défis, comme en témoignent les réactions à la tournée « Postmortem » de Silverman. Certains spectateurs ont trouvé le matériel « morbide et presque triste » et « déchirant », tout en reconnaissant qu’il était « sérieux » et « drôle ».

Cette divergence dans les réactions du public souligne que l’humour centré sur un deuil personnel et récent est intensément subjectif. Sa réception dépend souvent des propres expériences de perte de chaque individu, de son niveau d’aisance avec la mortalité et de ses idées préconçues sur ce qu’un spectacle d’humour devrait offrir.

Silverman elle-même est très consciente de la nature provocatrice de son sujet. Elle incorpore des méta-blagues sur la situation, plaisantant que ses parents lui ont donné « environ une heure de nouveau matériel » et qu’elle sent qu’ils « auraient voulu qu’elle monétise cela ». Cet humour autoréférentiel, marque de fabrique de son style comique ultérieur, sert de reconnaissance préventive des critiques potentielles. En abordant de front l’interprétation potentiellement gênante ou cynique de ses actions, elle la désamorce avec humour, invitant simultanément le public à considérer l’interaction complexe entre l’art, le commerce et la tragédie personnelle. C’est une démarche qui rend le public complice, en quelque sorte, en riant de concert avec la vérité qui dérange. Malgré la noirceur, Silverman a également exprimé sa conviction que son « papa et Janice auraient adoré ».

Au-delà de son impact sur la carrière de Silverman, « Postmortem » sert d’artefact culturel qui reflète la capacité unique de la comédie à aborder des sujets tabous, à les remodeler à travers l’art du récit et à offrir un espace communautaire où le public peut rire, réfléchir et même guérir. En transposant une expérience aussi personnelle et souvent privée que le deuil parental sur une scène publique et comique, Silverman contribue à la normalisation des conversations sur la mort et la perte. Ce faisant, elle peut aider d’autres personnes à reconnaître et à partager leurs propres expériences, démontrant que même dans une profonde tristesse, le rire, la connexion et un chemin vers la guérison sont possibles.

Où regarder « Sarah Silverman : Postmortem »

Netflix

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