Rose Valland : Un Héros de la Restitution Honoré chez Christie’s à Paris et New York cet Automne

Rose Valland (1898-1980) était une historienne de l’art et conservatrice française au Jeu de Paume à Paris, ainsi qu’un membre éminent de la Résistance, qui a secrètement documenté les détails des œuvres d’art pillées par les nazis. Pendant l’occupation allemande de Paris (1940-1944), le Jeu de Paume servait de dépôt pour les nombreuses œuvres d’art volées par les Allemands. En 1961, Rose Valland a publié « Le Front de l’Art », un livre basé sur ses notes prises en secret. Aujourd’hui, Rose Valland est reconnue pour son rôle crucial dans la protection du patrimoine culturel français, et ses archives demeurent extrêmement précieuses pour la recherche de provenance et les efforts de restitution actuels.

Rose Valland a reçu de multiples distinctions, notamment la médaille de la Résistance française (1946). Elle fut nommée Officier de la Légion d’honneur et Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres par le gouvernement français. À l’étranger, elle a été décorée de la Médaille présidentielle de la Liberté des États-Unis (1948) et de l’Ordre du Mérite de la République fédérale d’Allemagne (1972), devenant ainsi l’une des femmes françaises les plus décorées de l’histoire.

En novembre et décembre, deux événements majeurs chez Christie’s remettront en lumière Rose Valland et son héritage considérable :

La vente d’une peinture apparaissant dans une image emblématique prise à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Le 21 novembre, « Portrait de femme à mi-corps » par Nicolas de Largillierre, peint au tournant du XVIIIe siècle, sera mis aux enchères lors de la vente des Maîtres Anciens : Peintures – Dessins – Sculptures à Paris. L’histoire de cette peinture est étroitement liée à celle de la section Monuments, Fine Arts and Archives (également connue sous le nom de Monuments Men). Pillée du coffre-fort de la banque de Baron Philippe de Rothschild (1902-1988) à Arcachon à la fin de 1940 et transférée au Jeu de Paume à Paris en février 1941, le portrait a été récupéré par les Monuments Men en mai 1945, quelques jours avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, au château de Neuschwanstein, en Bavière, grâce aux notes secrètes prises et partagées par Rose Valland.

« Portrait de femme à mi-corps » n’est pas seulement une magnifique peinture, elle fait également partie d’une photographie emblématique (voir en haut du communiqué de presse) prise en mai 1945 sur les marches du château de Neuschwanstein en Bavière, montrant James J. Rorimer de la section Monuments, Fine Arts and Archives, accompagné de trois soldats de la 7e Armée américaine, tenant trois des nombreuses œuvres d’art pillées par les Allemands. « Portrait de femme à mi-corps » peut être vu sur le côté droit de cette photographie emblématique, qui est l’élément visuel retraçant le travail et l’histoire importants des Monuments Men pendant et après la Seconde Guerre mondiale.

Grâce à la prévoyance de Rose Valland en prenant des notes secrètes, la peinture a été localisée au début de mai 1945 en Bavière aux côtés de milliers d’autres œuvres d’art pillées, et a été retournée à Paris en novembre 1945, soulignant l’attitude pragmatique des autorités alliées, qui favorisaient une première vague rapide de restitutions. L’œuvre a ensuite été officiellement restituée à la famille Rothschild le 3 mai 1946 et est restée dans leur collection jusqu’en 1978, lorsqu’elle a été achetée aux enchères par son propriétaire actuel. Le portrait sera proposé le 21 novembre à Paris avec une estimation de 50 000 à 80 000 euros.

« Portrait de femme à mi-corps » illustre parfaitement le style de Nicolas de Largillierre, l’un des peintres les plus en vue à Paris sous le règne de Louis XIV et la Régence. Ses portraits très acclamés, dans le style de Rubens et van Dyck, font partie des collections permanentes du Louvre, du Château de Versailles et des Galeries des Offices, entre autres. Les œuvres de Nicolas de Largillierre connaissent un regain d’intérêt de la part des collectionneurs du monde entier, comme en témoigne le nouveau record d’enchères pour l’artiste établi chez Christie’s en 2020 pour « La Belle Strasbourgeoise » vendue pour 1,6 million d’euros.

Le Front de l’Art/ The Art Front
Le Front de l’Art/ The Art Front

Le Front de l’Art : Le livre pionnier de Valland enfin traduit en anglais

Le 10 décembre chez Christie’s New York, la Monuments Men and Women Foundation lancera la première édition anglaise de « Le Front de l’Art » – l’œuvre pionnière de Valland, publiée pour la première fois en français en 1961.

Alors que les collections privées françaises pillées passaient par les portes du Jeu de Paume, Valland écoutait les conversations allemandes et prenait secrètement des notes méticuleuses sur les destinations des expéditions de trains et de camions remplis d’art pillé. L’apparence modeste et le comportement calme de Valland dissimulaient son ingéniosité et son courage. Bien qu’ils se méfiaient d’elle, les nazis restaient majoritairement ignorants du fait qu’elle comprenait l’allemand, ce qui lui permettait de recueillir des informations cruciales de leurs conversations. Une autre source d’informations était ses collègues, chauffeurs, gardiens et emballeurs. Elle transmettait toutes ses notes à Jacques Jaujard, directeur des Musées nationaux français.

Après la libération de Paris par les forces alliées fin août 1944, le capitaine des Monuments Men, James J. Rorimer, rencontra Rose Valland, et les informations partagées, que Valland avait risqué sa vie pour recueillir, menèrent à la découverte de multiples dépôts d’art pillé, notamment au château de Neuschwanstein, et seraient plus tard essentielles dans le processus de restitution des objets à leurs propriétaires légitimes.

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