Nasreddine Bennacer. Galerie Afikaris

Nasreddine Bennacer. Go with the Flow I, 2017. 237 x 160 cm. Gouache sur papier japon marouflé sur toile.
Lisbeth Thalberg Lisbeth Thalberg

1er mars 2023 (Paris, France) – Du 11 mars au 15 avril, la galerie AFIKARIS accueille l’artiste francoalgérien Nasreddine Bennacer (né en 1967 à Guelma). Arrivé en France en 1991, Nasreddine développe depuis plus de vingt ans une pratique principalement tournée vers le dessin – dont il explore les différents matériaux, outils et procédés – tout en s’essayant à la photographie, à la vidéo et à la sculpture. Passés les sujets – variés – ses oeuvres touchent par leur nature rofondément intime, une forme de quête identitaire, un mouvement de balancier, une hybridité, et une révolte intérieure.

Nasreddine Bennacer.
Nasreddine Bennacer. Sans titre, 2020. 160 x 120 cm. Gouache sur papier japon marouflé sur toile.

Au mur, des caractères berbères s’évanouissement sur une toile vaporeuse, qui relève à la fois de la cendre et de la rivière (Sans titre, 2020). Le langage oublié se sédimente, et s’évade par le courant. Par moment il se fait plus énigmatique encore (Je respire sous l’eau, 2019), écriture devenue signes indéchiffrables, réveillant la mémoire d’un enfant – il fut emporté par les flots, et ne fait plus qu’un avec les poissons de la mer. Dans une lettre, il écrit :

« Merci, ô mer, qui nous a accueilli sans visa ni passeport, merci pour les poissons qui partageront ma chair sans me poser de questions […] »

Et les poissons de la mer ne font plus qu’un avec les naufragés du monde, et tourbillonnent comme une immense colonne, évoluant d’un seul corps pour échapper à la prédation (Go With the Flow I, 2017). Ici encore, une sédimentation. Et une évasion.

Nasreddine Bennacer
Nasreddine Bennacer. Manzil, 2023. Gouache sur papier japon marouflé sur toile. 220×220 cm.

Par les signes et les symboles s’écrivent les mémoires. Il est question de migrations, d’espoirs, de vies et de violences. Au sol un reste de plage, qui voit s’échouer la mer dans l’écume des espérances, et sur son sable marcher celui qui cherche (Je remonte la trace de mes pas, 2017).

Comme on tente de retrouver sa trace dans le sable balayé par les vents et la marée. Comme on remonte les méandres d’une mémoire bousculée. Comme on parcourt le chemin, en quête d’une identité jamais figée. Comme on se met en route, dans le passé mais vers le futur – « Je suis les traces de mes pas dans l’espoir de trouver d’où je viens ».

On entre dans l’oeuvre de Nasreddine Bennacer comme dans un journal intime. Une page après l’autre, on y lit ses recherches, ses réactions aux pulsations du monde, à l’histoire et à ses conséquences. Comme dans un journal, on n’y trouve ni démonstration ni explication, l’oeuvre n’est pas didactique ni même métaphorique, elle n’articule pas mais murmure en signes et symboles, dans la fulgurance du dessin. Une recherche qui vient de l’intérieur, que le papier reçoit et développe à son tour.

AFIKARIS Gallery

7 Rue Notre Dame de Nazareth, 75003 Paris, Francia

Partager cet article
Laisser un commentaire