Marie Losier: Excesso Chamalo. Galerie Anne Barrault

Lisbeth Thalberg
Marie Losier Gloopie au paradis (Ben Russell), 2023 aquarelle et crayon sur papier aquarelle 57,5 x 82,5 cm

[…] Maintenant, les personnages, mes amis, je les costume beaucoup plus, j’apporte de l’artifice dans le cadre du portrait. Ils deviennent beaucoup plus fictionnels parce que je suis plus à l’aise avec la matérialité et même avec la couleur, qui est un nouveau processus pour moi. Mais la chose la plus importante et excitante, est la personne. »

Marie Losier
Excesso Chamalo, 2022
filmé avec une caméra 16mm, couleur, son
5 minutes et 8 secondes
Marie Losier Excesso Chamalo, 2022 filmé avec une caméra 16mm, couleur, son 5 minutes et 8 secondes

La galerie Anne Barrault est heureuse ’accueillir Excesso Chamalo, la deuxième exposition personnelle de Marie Losier.
Quatre nouveaux films seront présentés, ainsi qu’un ensemble inédit de dessins et de céramiques. »

À mes débuts à New York, une grande majorité des personnes que je rencontrais étaient des personnalités excentriques, à l’aise devant la caméra, sur scène, ou lorsque je les peignais. Cette vie quotidienne est devenue une sorte de spectacle, quelque chose de théâtral. Je pense que c’est là que la vie et le documentaire se rejoignent, sans rien avoir à forcer. J’ai appris des personnes les plus extravagantes ! […] Curieusement, la façon dont les personnes que je filme vivent leur vie rejoint quelque chose en moi lié à performer sa vie. Beaucoup des films que j’adore, comme les films muets par exemple, sont très théâtraux, avec des gestes exagérés ; le noir et blanc de la photographie et des décors est très prononcé. J’adore le rock n’roll parce qu’il s’exerce sous les projecteurs, sur scène, devant un public, dans la performance. Le corps se transforme lorsqu’il chante ou joue. Les films classiques d’Hollywood comportaient souvent des couleurs et des décors extravagants comme si tout était un rêve, plus grand que la vie. D’une certaine manière, lorsque j’ai découvert l’Underground, j’ai trouvé mon propre Hollywood.

[…] Quand on fait des films, on archive la vie des personnes. On se retrouve avec de nombreuses prises, l’enregistrement d’un appel, des morceaux d’interviews, des scènes incroyables qui ne trouvent pas leur place dans les versions finales des films. Je les garde toutes, ce sont mes trésors, très chers à mon cœur. Certaines prises, comme la scène de Felix avec le hibou, sont coupées au montage, mais parce que j’adore ces scènes, je leur donne une nouvelle chance d’une autre manière, dans mes boîtes à film. Elles ont alors une seconde vie !

Marie Losier sans titre, 2023 céramique 15 x 10,5 x 10 cm /20 x 9 x 14 cm / 15 x 6,5 x 14 cm
Marie Losier sans titre, 2023 céramique 15 x 10,5 x 10 cm /20 x 9 x 14 cm / 15 x 6,5 x 14 cm

[…] Je pense que le dessin était au départ un moyen de rencontrer des gens. Je procède comme pour la préparation de mes films. J’invite pour le thé et je passe du temps avec la personne. Je fais des monotypes, une technique qui consiste à étaler une encre très épaisse sur une plaque de verre ou de Plexiglas avant de poser une feuille de papier de riz japonais. Je demande toujours aux modèles d’apporter un objet qui révèle leur personnalité secrète. Puis je les regarde et peins aussi vite que possible sans trop regarder le papier parce que c’est le négatif. Si vous dessinez le nez à gauche, il est à l’opposé quand vous décollez le papier. C’est le négatif du positif, très proche de la pellicule de fait. Cette technique a aussi la texture du film, elle a un grain quand on la touche avec ses mains, et on y ajoute de l’ombre et de la lumière. C’est comme intervenir sur une seule image d’un rouleau de pellicule. Je sens que j’ai la même spontanéité que lorsque je travaille sur un film. De la même façon, je ne suis pas les règles. C’est désordonné et sale, et comme avec la pellicule, on ne voit pas ce qu’on fait : on décolle le papier et … surprise ! Aujourd’hui, mes portraits sont beaucoup plus informés par le film parce qu’aux débuts, j’avais encore peu filmé. Maintenant, les personnages, mes amis, je les costume beaucoup plus, j’apporte de l’artifice dans le cadre du portrait. Ils deviennent beaucoup plus fictionnels parce que je suis plus à l’aise avec la matérialité et même avec la couleur, qui est un nouveau processus pour moi. Mais la chose la plus importante et excitante, est la personne.

Galerie Anne Barrault

51 Rue des Archives, 75003 Paris, France

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