Josh Smith: Living with Depression – David Zwirner, Paris

Lisbeth Thalberg
Josh Smith
Pals, 2023
© Josh Smith
Courtesy the artist and David Zwirner
Josh Smith
Josh Smith
Living with Depression, 2023
© Josh Smith
Courtesy the artist and David Zwirner

David Zwirner a le plaisir de présenter un ensemble de peintures récentes de Josh Smith dans les espaces parisiens de la galerie. Ce sera la première exposition personnelle de l’artiste depuis 2009 dans la capitale française, et la troisième en collaboration avec David Zwirner après Spectre (2020), qui se tenait en simultané à Londres et à New York dans l’espace East 69th Street, et Emo Jungle (2019), qui occupait les trois lieux d’exposition de la 19th Street à New York. Une autre collaboration avec la galerie, intitulée High as Fuck (2020), a eu lieu hors-les-murs, au plus fort de la pandémie liée au Covid-19. Au printemps 2023, Josh Smith a aussi dévoilé Studio News 2 sur la plate-forme David Zwirner Online, une série de monotypes peints à la main, qui prolonge ses célèbres travaux antérieurs, où il représentait, dans des décors tropicaux stéréotypés, des palmiers et autres couchers de soleil.

Avec Living with Depression [Vivre avec la dépression], Josh Smith exprime le désir de se surpasser et d’emmener son travail vers de nouveaux horizons. Si la plupart de ses expositions antérieures s’organisaient largement autour de figures bien spécifiques – que ce soient la mort en grande faucheuse, des palmiers et des tortues, ou encore le nom même de l’artiste –, cette nouvelle exposition parisienne est plus dynamique et éclectique, travaillant la variété plutôt que la série ; alternant figuratif, abstrait, mais aussi des travaux hybrides réunissant ces deux modes de représentation visuelle. Reconnaissant que les peintures abouties sont le fruit des structures et des restrictions imposées à l’artiste ou par lui, Josh Smith s’est mis au défi de moins s’appuyer sur les contrastes de couleurs et les palettes de tons élevés qu’il a utilisés dans nombre de ses œuvres antérieures, choisissant plutôt d’explorer les nuances du rouge, qui unissent les œuvres présentées dans l’exposition. Comme le note l’artiste états-unien :

« Quoiqu’ils exercent toujours une certaine séduction, ces tableaux troquent une beauté très pop pour une exécution plus subversive. Plutôt que la grande porte, ils vous invitent à emprunter la porte de derrière. »

Josh Smith en conversation avec la galerie, juin 2023.

Aux yeux des artistes modernes ou contemporains, la couleur rouge est, depuis toujours, assez complexe à utiliser mais aussi très stimulante. En l’utilisant pleinement dans ses nouvelles peintures, Josh Smith évoque et salue certains grands artistes modernes comme Josef Albers, Philip Guston, Barnett Newman, Robert Rauschenberg, Ad Reinhardt et Mark Rothko, qui ont tous produit des monochromes ou des séries où le rouge domine. Albers est connu pour avoir déclaré que le rouge était la couleur la plus difficile à travailler selon lui – un avis dont Rauschenberg s’empare comme un défi au milieu des années 1950, créant une série de peintures rouges qui a fait date.

Josh Smith
Josh Smith
Queensboro Bridge, 2023
© Josh Smith
Courtesy the artist and David Zwirner

S’il garde à l’esprit l’héritage et l’importance historique de la couleur rouge, Josh Smith offre néanmoins une perspective personnelle et singulière dans chacune de ces nouvelles œuvres. Ainsi, chaque coup de pinceau, marque ou aplat de couleur contribue à une composition où tous les éléments formels sont interconnectés et répondent aux formes et supports utilisés. Les paysages urbains représentant l’environnement si minéral de New York rappellent des travaux similaires présentés lors de l’exposition Spectre, mais Josh Smith renouvelle ici leur traitement visuel, leur conférant des connotations inédites grâce à des teintes écarlates, pourpres, cerise et acajou. Tout en étant autonomes, ces peintures se font aussi l’écho inévitable d’un monde réel. Alors que les rues vides des œuvres précédentes s’inspiraient du quartier et de l’environnement de l’artiste lors des confinements, les ciels et les bâtiments teintés de rouge de ces nouvelles œuvres se lisent comme une réflexion pertinente sur le changement climatique et les catastrophes naturelles, comme la fumée des incendies de forêt canadiens qui ont récemment apporté à New York la pire qualité de l’air au monde et plongé la ville entière dans une lueur rouge orangé.

La palette ici très travaillée de Josh Smith intensifie aussi ce qui se joue entre figures et fonds. L’artiste applique le plus souvent la peinture de manière égale à la surface de ses œuvres, mais certains travaux voient des figures animales ou des formes abstraites se détacher de l’arrière-plan ou, au contraire, s’y fondre, leurs contours et leurs couleurs se mêlant au fond. Figures, formes et motifs expriment l’attention portée à la ligne et à la couleur de façon apparemment inoffensive, mais le choix des couleurs fait parfois penser aux entrailles, au corporel. Les œuvres restent en deçà de l’abject cependant, toujours résolument tournées vers la peinture et ses enjeux, reflétant directement la sensibilité et la virtuosité de Josh Smith dans ce médium qu’il a fait sien.

Josh Smith est né en 1976 à Okinawa, au Japon. La carrière de son père au sein de l’armée états-unienne pousse la famille Smith à déménager fréquemment, avant de se fixer dans l’est du

Tennessee, où l’artiste a passé la majeure partie de son enfance. Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions personnelles aux États-Unis et ailleurs, par exemple au Bonner Kunstverein en Allemagne (2016), au Museo d’Arte Contemporanea de Rome (2015), à la Zabludowicz Collection à Londres (2013), à The Brant Foundation Art Study Center de Greenwich dans le Connecticut (2011), au Centre d’Art contemporain de Genève (2009), au Frans Hals Museum de Haarlem aux Pays-Bas (2009-2010), au Museum Moderner Kunst Stiftung Ludwig de Vienne (2008) et au Sculpture Center à New York (2004).

Les œuvres de Josh Smith ont été présentées dans plusieurs expositions collectives d’envergure, dont Before Tomorrow – Astrup Fearnley Museet 30 Years à l’Astrup Fearnley Museet d’Oslo (2023), Forever Young – 10 Years Museum Brandhorst au Museum Brandhorst de Munich (2019-2020), Trouble in Paradise, Collection Rattan Chadha à la Kunsthal de Rotterdam (2019), Publishing as an Artistic Toolbox: 1989–2017 à la Kunsthalle de Vienne (2017-2018), Painting 2.0: Expression in the Information Age au Museum Brandhorst de Munich (2015-2016) et au Museum Moderner Kunst Stiftung Ludwig de Vienne (2016), The Forever Now: Contemporary Painting in an Atemporal World au Museum of Modern Art de New York (2014-2015), The Painting Factory: Abstraction after Warhol au Museum of Contemporary Art de Los Angeles (2012), ILLUMInations à la 54e Biennale de Venise (2011) et The Generational: Younger Than Jesus au New Museum de New York (2009).

Les travaux de Josh Smith figurent dans les collections publiques de nombreuses institutions à travers le monde, dont The Broad à Los Angeles, le Carnegie Museum of Art à Pittsburgh, le Centre Pompidou à Paris, le Moderna Museet à Stockholm, le musée d’Art contemporain de Montréal, le Museum of Modern Art de New York, le Museum Moderner Kunst Stiftung Ludwig de Vienne et le Whitney Museum of American Art à New York. Josh Smith vit et travaille à New York depuis 1998.

Josh Smith
Josh Smith
Stepladder, 2023
© Josh Smith
Courtesy the artist and David Zwirner
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