Over The Influence Paris est ravie d’annoncer la nouvelle exposition personnelle d’Austin Harris, Yellow Brick Road, sa troisième en partenariat avec la galerie. À travers cet ensemble de travaux récents, Harris fouille dans ses archives personnelles et familiales pour émettre une critique mais aussi mettre en lumière l’humour et la tendresse qui surgissent là où on les attend le moins.
Cette approche qui consiste à sonder et critiquer son milieu n’est pas inhabituelle pour un artiste, mais Harris aborde ainsi des sujets brûlants : il s’interroge sur son enfance et son adolescence passées au sein de communautés principalement blanches, rurales et issues de la classe ouvrière dans l’état de Washington, aux États-Unis. Les scènes imaginées par l’artiste placent souvent des personnages masculins dans des environnements évoquant le jeu, les loisirs et la précarité. Les choix d’activités et de sorties y sont limités : jouer avec les armes et courir dans les collines enneigées, faire des balades en voiture ou à moto ou bien traîner près de petits bars locaux. À quelques exceptions près, les personnages sont en général blancs, ce qui témoigne non seulement de la composition ethnique des communautés dans lesquelles l’artiste a grandi, mais aussi de ce qui est rendu familier par les affinités racialisées. Né de parents en proie à des addictions transgénérationnelles et coutumiers des allers-retours en prison durant son enfance, Harris connaît bien les multiples facettes de la masculinité toxique et ses dangers. Il explore ce terrain miné au travers de ses oeuvres.
Dessinateur passionné, Harris esquisse entièrement ses tableaux avant d’appréhender la toile. Il travaille ses personnages dans le plus grand détail mais laisse souvent leur environnement dénué de tout autre élément vivant et animé, ce qui met en avant leur malaise et leur introspection. Le caractère surréaliste de ses oeuvres, influencé par les processus d’apprentissage et de déconstruction successifs, est accentué par des dimensions impossibles et des perspectives exagérées. L’artiste n’est pas attaché au naturalisme. Il met au contraire l’accent sur les sensations et les émotions qui régissent les relations qu’il représente. Ses personnages semblent sortir du cadre, les contours de leur monde menacent de s’effacer pour les laisser basculer dans celui, bien réel, du public. Leur peau bizarrement teintée, aux sous-tons jaunes et rouges exagérés, suscite un sentiment de gêne à la fois drôle et émouvant.
Les personnages qui peuplent les scènes de Harris, souvent représentés épuisés, affublés de poches sous les yeux, sont ouvriers : ils ont les ongles fendus et sales, et refusent de regarder le public dans les yeux. L’artiste rend à merveille les regards de manière indirecte, à travers des miroirs ou d’autres surfaces, ce qui donne rarement l’occasion au public d’apprécier les personnages dans leur totalité. Harris est fasciné par cette habitude qu’ont les hommes blancs de revêtir des uniformes ou des costumes pour s’armer face aux émotions, à la vulnérabilité et à l’apparente usurpation de pouvoir qui menacent.
L’artiste dépeint parfois des membres de gangs de motards arborant des maquillages de clown, à la fois pour se moquer du besoin de simuler la blanchité et la masculinité et pour rappeler l’image artistique et historique du bouffon. Harris ne condamne pas vraiment les personnages qu’il peint ; il s’intéresse plutôt à leur marginalité avec une empathie mesurée et recourt à l’humour pour s’en moquer et laisser place à la critique. Ses tableaux mettent l’accent sur l’humanité de ces communautés qui, simplement, travaillent pour s’en sortir, qui rejouent une masculinité apprise et qu’ils pensent devoir préserver, aussi malavisé et conservateur que cela puisse être.
Biographie de l’artiste
Austin Harris est né en 1995 à Bellevue, dans l’État de Washington, et a passé sa petite enfance à Seattle. Sa passion pour le dessin, dont l’inspiration et les compétences techniques lui viennent de son père, est restée intacte malgré les changements d’école fréquents. À l’âge de 11 ans, Harris déménage à Ellensburg où sa famille décide de s’installer définitivement. Il passe le plus clair de son temps à dessiner et à suivre ses envies créatives. C’est ainsi que, grâce aux encouragements de son professeur d’art du lycée, il décide de poursuivre une carrière artistique. Premier membre de sa famille à étudier à l’université, Harris obtient sa licence en beaux-arts à la Central Washington University en 2018, avec une spécialisation en peinture. Il s’installe ensuite à New York et obtient un master en peinture à la New York Academy of Arts en 2020. Plusieurs semaines avant d’être diplômé, sa première exposition personnelle a pu voir le jour dans la galerie Over The Influence Los Angeles. Il a depuis exposé à l’international, à Londres et à Hong Kong. Harris vit et travaille à Brooklyn, à New York.
Galerie Over The Influence
2 Rue des Saussaies, 75008 Paris, Francia