Du 24 octobre au 21 janvier 2024, le Musée Guggenheim Bilbao présente l’exposition Marine Hugonnier : Rapports de terrain dans la salle Film & Video, un espace dans lequel le Musée expose des pièces clés de l’art vidéo, des installations audiovisuelles et de l’image en mouvement en tant que langage artistique.
À cette occasion, la salle accueille une installation unique de l’artiste Marine Hugonnier (Paris, 1969). Pièce centrale de l’exposition, Meadow Report (2021) fait référence à l’un des premiers documents sur le changement climatique, intitulé « Les limites à la croissance » ou « Rapport Meadows ». Publié en 1972, il prédisait les conséquences catastrophiques de l’exploitation effrénée et continue des ressources de la planète.
Comme le titre de l’exposition en anglais l’indique, Marine Hugonnier, anthropologue de profession, présente différentes oeuvres pour mettre en lumière le potentiel de l’oeuvre d’art à fonctionner comme un « rapport » ; mais, en parallèle, l’espace dans lequel l’artiste mène ses recherches peut être considéré comme un « terrain » aussi bien dans le sens de champ d’étude que de milieu de vie ou d’écosystème.
Meadow Report (2021), pièce maîtresse de l’exposition, reflète cette ambiguïté. Projeté dans l’espace principal de la salle, le film propose une représentation des fameux jardins de Giverny dans lesquels Claude Monet a peint ses célèbres Nymphéas au cours des dernières décennies de sa vie, alors que sa vue se dégradait à cause de la cataracte. Hugonnier place sa caméra au crépuscule, au milieu de l’étang, à la recherche d’une perspective insolite, pour observer le jardin, la silhouette des nénuphars et l’emblématique pont vert de Monet.
Le film est un plan-séquence de la durée d’une bobine de 122 mètres de celluloïd, ce qui confère au film un cadre matériel qui devient particulièrement évident dès que l’on aperçoit l’énorme projecteur installé dans la salle d’exposition. À un moment donné du tournage, l’artiste retire l’objectif de la caméra afin d’exposer le film directement à l’environnement. L’image abstraite qui en résulte reflète les lumières éclatantes et les mouvements des êtres qui peuplent la paisible nuit d’été au cours de laquelle le tournage a eu lieu.
En prélude à cette salle se trouve une photographie grand format intitulée Vers demain (Towards Tomorrow, 2001) prise du côté américain du détroit de Béring, en Alaska, en regardant vers la côte sibérienne. Bien que distante de 65 kilomètres seulement, la Sibérie a toujours 24 heures d’avance sur l’Alaska et, par conséquent, la photographie est à la fois une image du passé et du futur, jouant avec les notions de temporalité et de mémoire intrinsèques au support photographique.
En face de cette photographie se trouve le film intitulé Le désir n’est presque rien, et pourtant… (Desire Is Not Much but Nonetheless, 2015 ) une étude de la sculpture romaine classique Hermaphrodite endormi conservé au musée du Louvre. La sculpture, qui remonte au IIe siècle, repose sur un matelas en marbre réalisé en 1622 par le sculpteur italien Gian Lorenzo Bernini. Le film d’Hugonnier révèle le corps d’Hermaphrodite à mesure que la caméra effleure les courbes de la sculpture en marbre, dont les pieds et les lèvres ont été animés numériquement. La boucle continue du film en noir et blanc est interrompue par de courtes séquences en couleurs. Le film tente d’entrevoir le désir dans un corps qui se place au-delà des
conventions binaires, invitant le public à considérer de manière critique la possibilité d’un regard nongenré.
Ces oeuvres témoignent de la volonté de l’artiste de confronter les dispositifs traditionnels de capture de l’image et leurs composants techniques – caméras, objectifs, films sensibles – à leurs limites en les plaçant face à des agents et phénomènes naturels, offrant ainsi un contrepoint à l’approche sociale de ses oeuvres.
Marine Hugonnier. Biographie
À travers ses oeuvres et ses installations filmiques, Marine Hugonnier explore la manière dont les idéologies, les désirs et les discours convergent dans les formes de représentation artistique. Sa recherche sur la politique du regard veut révéler les mécanismes sous-jacents du pouvoir dans l’ère capitaliste actuelle, une période pendant laquelle l’accélération économique et les technologies de reproduction d’images ont évolué parallèlement, en pérennisant de profonds préjugés colonialistes et patriarcaux.
Née à Paris en 1969, Marine Hugonnier vit actuellement à Londres. Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions internationales, y compris des présentations individuelles dans des institutions telles que le Jeu de Paume à Paris, Villa Romana à Florence, Kunstverien Brauschweig, Die Tankstelle Berlin, Konsthall Malmö ou la 52e Biennale d’art de Venise. De même, un grand nombre de musées possèdent des oeuvres de Hugonnier dans leurs collections, entre autres, l’Arts Council (Angleterre), la Fundaçao Serralves (Portugal), la Fondazione Sandretto Rebaudengo (Turin), le FNAC (Fonds national d’art contemporain) (France), le MACBA (Museu d’Art Contemporani de Barcelona), le MoMA (The Museum of Modern
Art, New York), le MAM (Musée d’Art moderne de la Ville de Paris), The National Gallery of Art (Washington DC), le Museo Nacional Centro De Arte Reina Sofía (Madrid) ou le Museo Jumex (México). Marine Hugonnier est également docteure et professeure à l’Université des Arts et du Design de Karlsruhe, en Allemagne.
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