Une œuvre rare d’Atsuko Tanaka chez Bruun Rasmussen à Copenhague mardi 7 mars

Atsuko Tanaka : Sans titre, 1966. Signé. Vinyle sur toile. 130 x 97 cm. Estimation : 4 à 6 millions de couronnes danoises (520 000 € à 780 000 €)
Lisbeth Thalberg Lisbeth Thalberg

Une rare œuvre d’art de l’artiste japonaise Atsuko Tanaka (1932-2005) sera mise en vente par la maison de vente aux enchères danoise Bruun Rasmussenmembre du groupe Bonhams le mardi 7 mars, avec une estimation de 520 000 € à 780 000 € (4 à 6 millions de couronnes danoises). Achetée dans les années 1960 à la galerie Minami de Tokyo par un couple danois, l’œuvre est restée dans la même collection depuis.

Atsuko Tanaka a été l’une des chefs de file du mouvement d’avant-garde Gutai qui a eu une influence déterminante sur la scène artistique japonaise à partir de 1955.

Tanaka produit une série de vêtements de scène destinés aux performances théâtrales du groupe Gutaï, parmi lesquels la robe Denkifuku (vêtement électrique) en 1956, confectionnée à partir d’ampoules électriques et de tubes lumineux clignotants, qui lui apporte une notoriété mondiale, et qu’elle arbore elle-même, lors de la deuxième exposition de Gutaï en octobre 1956. Cette pièce représente un des premiers exemples d’utilisation de l’électricité dans l’art. La plasticienne explique avoir été fascinée par un néon, dans une pharmacie d’Osaka, qui lui a révélé la beauté de la lumière artificielle colorée. En se glissant dans la robe comme une seconde peau, elle met en avant la relation entre le corps féminin, et son enveloppe, anticipant ainsi les discours féministes des années 1960. La pièce a été reconstituée en 1986 à l’occasion de l’exposition Le Japon des avant-gardes, au Centre Georges Pompidou à Paris.

Atsuko Tanaka
Atsuko Tanaka, Denkifuku [vêtement électrique], 1956, ampoules de couleur, linolites vernis en 8 teintes, feutre, câble électrique, métal, bois peint, boîtier électrique, 165 x 90 x 90 cm, © Tanaka Atsuko Association

Atsuko Tanaka évolue ensuite vers une abstraction riche et colorée comme le montre cette œuvre mise aux enchères: les connexions ici établies entre cercles et lignes constituent un véritable langage, incessamment développé, tout au long de la carrière de l’artiste avant-gardiste.

Le tableau a appartenu à la Danoise Borghild Blitz-Alstrup, aujourd’hui âgée de 104 ans, et à son défunt mari Knud, qui travaillaient tous  deux dans l’industrie textile et dirigeaient, entre autres, une entreprise à Tokyo dans les années 1960. C’est à ce moment-là qu’ils ont acheté ce tableau dans une galerie locale. Borghild l’a baptisé Balloon Picture et l’a conservée pendant 60 ans. « Ce tableau a beaucoup compté pour Borghild. Elle y a fait référence à diverses reprises et a raconté que son mari Knud voulait acheter un autre tableau à la place. Mais Borghild a choisi ce Balloon Picture car elle en aimait la couleur et a toujours cru en cette artiste. » raconte une de ses amies.

Selon Kathrine Eriksen, spécialiste du département Art Moderne chez Bruun Rasmussen, les œuvres d’Atsuko Tanaka sont très recherchées sur le marché de l’art international : « C’est la première fois que nous avons le plaisir de pouvoir proposer une œuvre de la célèbre artiste japonaise Atsuko Tanaka. Si Yayoi Kusama, sa contemporaine, est probablement plus connue dans cette partie du monde grâce à la grande exposition organisée à Louisiana, les deux artistes ont partagé la même formation tout en développant leur propre langage.»

Les œuvres d’Atsuko Tanaka sont aujourd’hui conservées dans de nombreuses collections internationales, notamment au MoMA de New York, et ont fait l’objet d’expositions majeures telles qu’Elles font l’Abstraction au Centre Pompidou et au Musée Guggenheim de Bilbao en 2021.

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