Dans l’écosystème vaste et souvent générique du streaming contemporain, où les algorithmes dictent les arcs narratifs et où les personnages sont souvent conçus en salle de réunion pour maximiser la sympathie mondiale, l’irruption de Victoria « Vicky » Mori a été un événement sismique dans la fiction argentine. Il n’est pas courant de rencontrer une protagoniste qui ne cherche pas à être sauvée, ni même à être aimée inconditionnellement par le public, mais plutôt à être validée dans ses pires instincts. Vicky est l’anti-héroïne qui navigue dans les eaux troubles de la quarantaine avec une boussole brisée par les injonctions sociales, la pression esthétique et un besoin désespéré d’appartenance.
Alors que nous approchons de la première de la troisième saison d’« Envieuse », la série Netflix qui a redéfini la comédie dramatique rioplatense, le climat culturel n’est pas seulement fait d’attente pour la résolution des intrigues, mais aussi d’une véritable curiosité anthropologique sur l’évolution psychologique d’une femme qui, selon toute norme logique, devrait être épuisante, mais qui s’avère profondément humaine et magnétique.
La série, portée par une Griselda Siciliani en état de grâce, s’est imposée non pas simplement comme une comédie sur la jalousie, mais comme une étude médico-légale du désir à l’ère numérique. Cette production nous oblige à affronter des questions inconfortables, celles que nous évitons habituellement lors de nos propres séances de thérapie : que se passe-t-il lorsque nous obtenons enfin ce que nous pensions désirer avec tant de véhémence ? La faim de validation externe s’arrête-t-elle un jour ? Et, peut-être l’interrogation la plus aiguë que pose ce nouvel opus : pouvons-nous vraiment nous réjouir du bonheur des autres si nous sommes incapables d’habiter notre propre peau avec aisance ?
La prochaine saison promet de retirer une autre couche de la psyché de Vicky, déplaçant le projecteur de la chasse frénétique à un mari vers la terreur beaucoup plus subtile, et peut-être plus insidieuse, de maintenir une vie qui semble parfaite sur Instagram mais qui paraît fragile dans la réalité domestique. Le public se prépare à replonger dans le monde de Vicky, mais les règles du jeu ont changé. L’énergie maniaque de la femme célibataire qui court contre la montre biologique et sociale s’est muée en l’anxiété de la femme qui a « réussi », mais qui se sent comme une impostrice dans sa propre existence. Cette saison est conçue pour être une masterclass sur l’auto-sabotage, un thème que les créateurs de la série ont traité avec une ingéniosité chirurgicale et une tendresse surprenante dans les saisons précédentes. L’enjeu n’est plus la solitude, mais l’authenticité.
L’architecture de l’anxiété : Un nouveau chapitre
L’arc narratif à venir trouve Vicky Mori dans une position théoriquement enviable, une ironie amère pour un personnage défini jusqu’à présent par sa convoitise émotionnelle envers ce qui appartient aux autres. Selon les bandes-annonces officielles et les informations ayant fuité de la production, Vicky semble avoir coché toutes les cases de cette liste mentale qui la torturait les saisons passées. Elle a enfin atteint son objectif professionnel d’obtenir son diplôme d’architecte, un jalon qui a longtemps été une source d’insécurité et de procrastination. De plus, sa vie amoureuse semble s’être stabilisée dans une relation heureuse et constante avec Matías, interprété par le toujours stoïque et charmant Esteban Lamothe.
Cependant, l’équipe de scénaristes, dirigée par la plume acérée de Carolina Aguirre, comprend profondément que le bonheur est rarement un état statique, surtout pour un personnage câblé pour le conflit. Le conflit central de la nouvelle saison ne sera pas l’absence de succès, mais la panique de le perdre. Le synopsis officiel révèle qu’à mesure que les désirs de Vicky évoluent, ses insécurités aussi. La stabilité à laquelle elle aspirait tant devient maintenant le terreau fertile de nouvelles angoisses. Elle craint de perdre Matías, elle craint la nouvelle réalité qu’elle a construite et elle craint fondamentalement que son « moi » antérieur – chaotique, envieux, insatisfait – soit simplement tapi dans l’ombre, attendant le moment de détruire cette nouvelle façade d’adulte fonctionnelle.
Ce changement d’orientation narrative permet à la série d’explorer une phase plus mature, bien que tout aussi chaotique, de la vie. Il ne s’agit plus de la chasse ; il s’agit de la récolte, et de la compréhension inquiétante que le fruit peut être plus lourd que prévu. L’introduction d’éléments perturbateurs comme un « troisième personnage » et l’ombre imminente d’un mariage suggère que le chaos externe sera un miroir du tourbillon interne de Vicky. D’ailleurs, la bande-annonce officielle joue cruellement avec les attentes du public (et de la protagoniste) : on y voit Vicky vêtue de blanc, à ce qui semble être un mariage, pour ensuite couper sur une séance de thérapie où elle décrète elle-même qu’« être heureuse et se marier ne vont pas de pair ». Les avant-goûts laissent entrevoir des rebondissements émotionnels, des malentendus et ce genre d’erreurs sociales qui provoquent une gêne par procuration et qui sont la marque de fabrique de la série.
Le syndrome de l’imposteur dans la « vie parfaite »
La tension dramatique de cette nouvelle saison semble émaner d’un lieu profondément identifiable : le syndrome de l’imposteur à l’âge adulte. Vicky Mori a passé tellement de temps à regarder l’herbe du voisin qu’elle n’a jamais appris à entretenir la sienne. Maintenant que son jardin est vert, elle est terrifiée à l’idée de découvrir qu’il est peut-être artificiel. Les aperçus indiquent que Vicky sera confrontée à une crise d’identité et de découverte de soi. C’est une progression naturelle et nécessaire pour le personnage. S’étant définie pendant si longtemps par ses manques – un mari, un diplôme, une « famille parfaite » –, elle doit maintenant se définir par ce qu’elle est, et non par ce qui lui manque.
Ce pivot existentiel est ce qui élève « Envieuse » au-dessus de la comédie de situation standard. Elle traite les névroses de sa protagoniste avec poids et conséquence. Lorsque les comptes officiels plaisantent en disant que « des petites choses se préparent » dans la vie de Vicky, c’est un euphémisme chargé de potentiel de désastre. L’inclusion de scènes impliquant un bébé et un mariage dans le matériel promotionnel pointe directement vers les stresseurs ultimes de la vie adulte. Pour une femme qui a idéalisé ces jalons jusqu’à l’obsession, la réalité de les vivre implique une perte de contrôle que Vicky est historiquement mal équipée pour gérer. La série semble prête à demander si obtenir ce que l’on veut est vraiment le remède à l’envie, ou si cela déplace simplement l’objectif de cette envie vers quelque chose de complètement différent – peut-être vers ceux qui ont moins mais profitent davantage.
Le pont narratif : Les séquelles du chaos
Pour comprendre où nous allons, il est crucial de se souvenir de la tempête d’où nous venons. La fin de la saison précédente a laissé le public avec un mélange de rire nerveux et d’anxiété, établissant un ton qui sera sûrement amplifié dans les nouveaux épisodes. La manière dont les intrigues principales et secondaires ont été conclues – ou plutôt, laissées ouvertes – offre des indices vitaux sur la dynamique que nous verrons.
L’accouchement dans la camionnette et le « bébé féministe »
L’un des moments les plus emblématiques servant de pont vers la nouvelle saison est la naissance chaotique de l’enfant de Caro. Cet événement n’était pas seulement un ressort comique, mais une démonstration palpable du fossé entre le fantasme de Vicky et la réalité crue de ses amies. La séquence du « rituel » préalable, où Vicky, incapable de contenir son cynisme et son rire, finit par être expulsée avec ses amies pour s’être moquée de l’astrologue qui prédisait que le bébé serait « féministe dès le ventre », résume l’incapacité de Vicky à prendre au sérieux les nouvelles spiritualités, même lorsqu’elle essaie de s’intégrer. La scène suivante au restaurant, où Matías tente de parler à l’une des filles (May) tandis que Caro commence à perdre les eaux après avoir inondé son plat de piment, est une chorégraphie de désastres qui définit le rythme de la série. Le refus de Caro d’aller à l’hôpital, exigeant d’accoucher chez elle et que sa décision soit respectée, se heurte de plein fouet à la réalité logistique lorsqu’elles se retrouvent coincées dans une camionnette à cause d’une erreur de GPS. Vicky, au milieu de ce tourbillon, n’est pas l’héroïne qui résout les problèmes, mais le témoin qui conseille depuis la panique partagée : « on a eu peur mille fois ensemble ». Ce moment consolide la loyauté du groupe d’amies, mais expose aussi la fragilité de leurs plans. Caro accouchant dans une camionnette est l’antithèse de la perfection que Vicky recherche, et pourtant, c’est la vraie vie qui se fraie un chemin.
La scène post-générique : Le doute persistant
Le détail peut-être le plus révélateur pour la nouvelle saison se trouve dans la scène de milieu de générique de la fin précédente. Lors d’une séance de thérapie, Fernanda, la psychologue magistralement interprétée par Lorena Vega, confronte Vicky à une question qui désarme toute sa victoire apparente. Maintenant qu’elle semble avoir la « famille parfaite », Fernanda l’interroge sur ses peurs actuelles. La réponse de Vicky n’est pas verbale, c’est un geste : un froncement de sourcils, une expression d’inquiétude qui clôt la saison en semant le doute sur sa prétendue fin heureuse. Ce bref instant soulève de nouvelles interrogations sur l’avenir de la relation entre Vicky et Matías. Il suggère que les fantômes du passé n’ont pas été exorcisés, mais ont simplement changé de pièce. La thérapie, loin de l’avoir « guérie », a révélé une couche plus profonde d’insatisfaction. Cette fin ouverte est le tremplin parfait pour la troisième saison, anticipant que la stabilité de Vicky est, au mieux, provisoire.
Le casting : Retours, stratégies et nouvelles vertus
L’alchimie du casting a toujours été le moteur d’« Envieuse », et la troisième saison mise sur le maintien du noyau dur tout en injectant du sang neuf qui promet de modifier les dynamiques établies. Il ne s’agit pas seulement d’ajouter des noms célèbres, mais d’incorporer des archétypes qui défieront Vicky de manières inédites.
La dynamique centrale : Siciliani et Lamothe
Griselda Siciliani revient dans le rôle de Vicky, un rôle qui lui demande un équilibre presque acrobatique entre la comédie physique et la profondeur dramatique. La capacité de Siciliani à rendre Vicky empathique même dans ses moments les plus égoïstes est l’atout le plus précieux de la série. Son interprétation ancre le récit, permettant au ton d’osciller entre le slapstick et l’angoisse existentielle dans une même scène. À ses côtés, Esteban Lamothe reprend son rôle de Matías. Le personnage de Lamothe fonctionne souvent comme la prise de terre, l’« homme droit » face au tourbillon chaotique de Vicky. L’évolution de leur relation – du « ni avec toi ni sans toi » hésitant à un couple consolidé – sera la colonne vertébrale émotionnelle de la saison. La question n’est plus de savoir s’ils seront ensemble, mais comment ils peuvent l’être quand la moitié du couple s’attend perpétuellement à ce que tout s’effondre. Lamothe, avec son style naturaliste, fournit le contrepoids nécessaire à l’intensité quasi-opératique de Siciliani.
Le chœur grec : Gamboa, Urtizberea et la sororité névrosée
Le casting secondaire, qui agit comme un chœur grec de la féminité portègne moderne, reste intact et vital. Pilar Gamboa, Violeta Urtizberea, Marina Bellati et Bárbara Lombardo reviennent pour donner corps au cercle social de Vicky. Chacune de ces amies représente une facette différente de la vie que Vicky convoite ou critique. Leurs interactions ne sont pas de simples soulagements comiques ; elles sont le miroir dans lequel Vicky voit se refléter ses propres insuffisances. C’est notamment le cas de Caro (Urtizberea), dont la maternité récente après l’accouchement dans la camionnette servira probablement de contraste brutal pour Vicky. Si Vicky se débat avec l’idée de la famille, Caro est aux prises avec la réalité viscérale, sale et épuisante de celle-ci. Le groupe fonctionne comme une entité organique où sont explorées les dynamiques de l’amitié féminine : le soutien inconditionnel mêlé à la compétition subtile, l’amour profond teinté de jugements silencieux.
Les nouvelles additions : Un coup d’éclat générationnel
La troisième saison fait les gros titres non seulement pour le retour de ses stars, mais aussi pour des choix de casting audacieux qui signalent un désir d’élargir la portée démographique et la texture narrative de la série.
Nicki Nicole et le mystère de « Virtudes »
L’ajout le plus commenté est peut-être celui des débuts d’actrice de la sensation musicale Nicki Nicole. L’artiste originaire de Rosario fait son entrée dans le monde de la fiction en interprétant un personnage nommé « Virtudes » (Vertus). Le choix du nom ne peut être accidentel dans une série intitulée « Envieuse ». Introduire un personnage nommé « Virtudes » suggère un contrepoint thématique presque allégorique. Griselda Siciliani elle-même a laissé entendre que la dynamique entre Vicky et Virtudes serait étonnamment proche ; elle a décrit la relation de leurs personnages comme « très maternelle », suggérant que Vicky pourrait se voir reflétée, ou peut-être menacée par la jeunesse de Virtudes, adoptant un rôle de protection ou de mentor. Les rapports confirment que Virtudes aura un rôle clé dans l’histoire. Pour une non-actrice, assumer un rôle central dans un succès établi est un pari important. Nicki elle-même a commenté de manière énigmatique son personnage : « Virtudes est une personne assez, assez… Il faut la voir », laissant en suspens la véritable nature de son rôle. Sa présence apporte une énergie différente – plus jeune, urbaine et connectée à un zeitgeist culturel distinct. Si Vicky représente les angoisses de la génération Y ou X face à la quarantaine, Virtudes pourrait représenter la génération qui suit.
L’inconnue « Soy Rada » et le casting élargi
Le comédien et magicien aux multiples facettes Agustín “Soy Rada” Aristarán rejoint également le casting. Les détails sur son rôle sont gardés strictement secrets, un secret qui, dans l’industrie, implique généralement un personnage ayant un poids dans l’intrigue ou un rebondissement narratif important. L’expérience d’Aristarán dans la comédie s’accorde parfaitement avec le ton de la série. Un nouveau rival professionnel ? Un élément de chaos dans la vie sociale de Vicky ? D’autres ajouts incluent María Abadi, José “El Purre” Giménez Zapiola et Agustina Suásquita (connue sous le nom de Papry). Ces choix laissent présager une expansion du monde de Vicky, peut-être dans sa vie professionnelle d’architecte ou dans des cercles sociaux plus larges. L’inclusion d’acteurs plus jeunes et d’influenceurs suggère que la série modernise son paysage social. De plus, des apparitions spéciales de figures comme Julieta Cardinali et Sebastián Wainraich consolident le statut de la série comme un point de rencontre pour les talents argentins de premier plan. Wainraich, connu pour ses propres personnifications de la névrose urbaine, semble être un habitant naturel de l’univers d’« Envieuse ».
Profondeurs thématiques : Au-delà du rire
Bien qu’« Envieuse » soit étiquetée comme une comédie, sa pérennité tient à sa volonté d’aborder des thèmes plus sombres et inconfortables. La troisième saison semble prête à approfondir cette exploration, utilisant le filet de sécurité de l’humour pour discuter de questions émotionnelles sérieuses.
Le piège de « Tout Avoir »
La thèse centrale de la nouvelle saison semble être la fragilité de la satisfaction. Vicky a passé des saisons à s’efforcer d’atteindre une destination. Maintenant qu’elle est arrivée, elle doit gérer le maintien de cet acquis. Cela touche à une expérience humaine universelle : l’illusion de l’arrivée, la croyance qu’une fois un objectif atteint (mariage, diplôme, travail), le bonheur sera permanent et solide. La série déconstruit cela en montrant que l’insécurité ne disparaît pas avec le succès ; elle change simplement de forme. La peur de Vicky de perdre Matías n’est pas seulement liée à la relation ; elle est liée à la peur de redevenir son « moi » antérieur, celui auquel elle a tant travaillé pour échapper.
La maternité et l’horloge biologique
La présence d’un bébé dans la bande-annonce et les lignes narratives entourant la maternité de Caro suggèrent que ce sera un thème majeur. Pour une femme de son âge, ce sujet est chargé de pression biologique et sociale. La série n’a jamais évité les réalités brutales du vieillissement et les attentes envers les femmes. Que Vicky poursuive elle-même la maternité ou y soit confrontée à travers ses amies, le thème sert de test décisif pour son envie. La mention dans la saison précédente du « bébé féministe » souligne la capacité de la série à satiriser ces pressions modernes tout en reconnaissant leur poids. Griselda Siciliani elle-même a réfléchi à l’état « hormonal » et déstabilisé de Vicky, suggérant que la biologie jouera un rôle dans son chaos émotionnel.
La thérapie comme champ de bataille
Le retour de Lorena Vega dans le rôle de Fernanda, la psychologue, est crucial. Les séances de thérapie sont devenues une signature de la série, fournissant un dispositif narratif qui permet une exposition directe de l’état interne de Vicky sans paraître forcée. Ces séances sont l’endroit où le masque tombe. La série utilise cet espace non pas pour « guérir » magiquement le personnage, mais pour exposer ses contradictions. On s’attend à ce que ces séances continuent d’être le point d’ancrage des moments les plus introspectifs de la série, fondant l’absurdité de l’intrigue dans une véritable investigation psychologique.
Le cerveau de l’opération : Scénario et production
Derrière la névrose de Vicky se trouve l’esprit de Carolina Aguirre, la scénariste qui a su capter le pouls d’une génération. Aguirre a décrit son approche comme un « buffet du type sentimental où le sentimental est politique », une déclaration de principe qui élève le feuilleton au rang de sociologie. Dans des interviews récentes, Aguirre a parlé de l’institution du mariage avec une franchise qui résonne dans le scénario de la série. Lorsqu’elle mentionne sa propre vie et l’idée que « le mariage organise légalement le couple », nous voyons les échos de l’obsession de Vicky pour l’ordre et la légitimité. Pour la scénariste, et par extension pour sa protagoniste, les structures sociales ne sont pas seulement des formalités, elles sont des moyens de contenir le chaos émotionnel.
La production, assurée par Kapow et dirigée par Adrián Suar, a fait preuve d’une confiance inhabituelle dans le projet. Non seulement la troisième saison a été filmée ; Netflix a confirmé, via une vidéo promotionnelle où Vicky elle-même tient une pancarte indiquant « Envieuse en production », que la quatrième saison est également une réalité. Le schéma de production « back-to-back » (tournage simultané ou consécutif) a commencé il y a des mois, une stratégie qui révèle le pari à long terme de la plateforme et garantit la continuité narrative sans les redoutés hiatus d’annulation. Les réalisateurs Daniel Barone et Gabriel Medina ont réussi à créer une esthétique visuelle qui capture la lumière et le rythme effréné de Buenos Aires, faisant de la ville un personnage à part entière.
La vision de la protagoniste
Griselda Siciliani n’est pas seulement le visage visible, mais une interprète qui réfléchit profondément à la nature de son personnage. Dans une interview révélatrice, Siciliani a avoué que, si elle devait envier quelque chose dans un « métavers de l’envie », ce serait « les gens qui mangent et ne grossissent pas », enviant le « métabolisme rapide ». Cet aveu, apparemment trivial, se connecte à la physicalité de son jeu. Vicky est un personnage qui vit dans son corps, qui ressent l’envie comme un malaise physique, une gêne dans sa propre peau. Son jeu porte cette « vulgarité » de l’envie – comme elle l’appelle elle-même – à la surface, la rendant tangible et, par conséquent, hilarante.
Benjamín Vicuña et les fantômes du passé
La figure de Benjamín Vicuña, qui fut au centre de la narration initiale, continue de planer sur la série. Bien que l’intrigue actuelle se concentre sur la consolidation du couple avec Lamothe, la présence de Vicuña au générique et dans la structure de la série rappelle au public que le passé de Vicky est un champ de mines. Les discussions autour de son personnage frôlent souvent le méta-textuel, avec des commentaires sur son attrait et sa vie personnelle qui semblent brouiller la ligne entre l’acteur et le rôle. Sa présence dans cette troisième saison reste une pièce maîtresse du puzzle émotionnel de Vicky, que ce soit en tant que présence active ou comme fantôme des choix passés, les confirmations de casting le maintenant dans l’orbite de la production.
Pourquoi avons-nous besoin de Vicky Mori ?
À une époque de feeds de réseaux sociaux soignés et de bien-être performatif, un personnage comme Vicky Mori est un correctif nécessaire. Elle est l’incarnation des vilains sentiments qu’on nous apprend à cacher : la jalousie, l’insécurité, la mesquinerie. En mettant ces sentiments à l’écran et en en jouant pour rire, « Envieuse » offre une forme de catharsis collective. Nous rions de Vicky parce que nous la reconnaissons en nous-mêmes. Nous reconnaissons ce moment où l’on fait défiler Instagram et où l’on ressent une pointe de ressentiment face aux vacances d’un ami. Nous reconnaissons la peur d’être laissé pour compte.
La troisième saison promet de redoubler ce pari sur l’identification. En donnant à Vicky ce qu’elle voulait, la série élimine son excuse pour être malheureuse. Cela la force – et le public – à affronter la réalité que le bonheur est un travail interne, pas une acquisition externe. C’est une proposition terrifiante, mais entre les mains de Griselda Siciliani et de cette talentueuse équipe créative, ce sera sûrement hilarant. L’ajout de stars comme Nicki Nicole et la promesse d’enjeux dramatiques plus profonds suggèrent qu’« Envieuse » ne se contente pas de se reposer sur ses lauriers. Elle évolue, tout comme sa protagoniste. Elle devient plus riche, plus complexe et peut-être un peu plus dangereuse.
Le rendez-vous final
L’attente pour ce nouveau chapitre touche à sa fin. Les questions sur l’avenir de Vicky, le mystère derrière le personnage de « Virtudes » et le destin de la relation avec Matías auront bientôt des réponses. Les fans peuvent marquer leurs calendriers et préparer leurs propres séances de thérapie – ou verres de vin – pour analyser chaque névrose.
La troisième saison d’« Envieuse » sera disponible sur Netflix à partir du 19 novembre.
D’ici là, nous ne pouvons que spéculer, anticiper et, peut-être, nous permettre un peu d’envie saine envers ceux qui savent déjà comment cela se termine. Mais comme Vicky l’apprendrait – ou peut-être pas –, il vaut mieux se concentrer sur son propre chemin, même si ce chemin est pavé d’anxiété, de mauvaises décisions et de beaucoup, beaucoup de drame.

