Eddy Kamuanga Ilunga : Nature Morte – October Gallery, Londres

Eddy Kamuanga Ilunga, Energie red (Red Energy), 2024. Acrylic on canvas. 188 cm x 203 cm,
Lisbeth Thalberg Lisbeth Thalberg

October Gallery a le plaisir de présenter Nature Morte, une nouvelle exposition personnelle de l’un des artistes contemporains les plus prometteurs de la République Démocratique du Congo, Eddy Kamuanga Ilunga. Dans cette quatrième exposition personnelle chez October Gallery, les œuvres saisissantes de Kamuanga explorent les conséquences insidieuses des déchets toxiques qui empoisonnent l’environnement dont dépendent les communautés locales congolaises pour leur survie et leurs besoins essentiels.

Cette nouvelle série est un mélange magistral de narration et de symbolisme, chaque toile contribuant à développer une histoire commune qui dévoile un dilemme résolument moderne. Contrairement aux séries précédentes de Kamuanga, qui examinaient les questions historiques liées à l’esclavage et aux héritages durables de l’expansion coloniale, ces peintures dépeignent une scène de nurserie contemporaine remplie de jouets en plastique, de chaises hautes et de tout le matériel évoquant l’arrivée d’un nouveau-né. Pourtant, chaque personnage semble fixement absorbé par ces objets colorés mais inanimés qui représentent l’enfant manquant, la seule figure vitale dont la présence pourrait donner un sens aux diverses mises en scène. Le titre de l’exposition, Nature Morte (Fr. littéralement « nature morte »), est généralement traduit en anglais par « still life » et décrit des portraits d’objets inanimés disposés pour l’exposition. Étant donné l’intense focalisation de la mère et des autres membres de la famille autour de la chaise haute de l’enfant et du tas de jouets intacts, le terme prend des implications plus troublantes, suggérant que l’enfant absent était soit mort-né, soit récemment décédé.

Le drame presque surréaliste qui se déroule sous nos yeux ramène l’histoire traumatisante d’exploitation de la RDC par les puissances étrangères jusqu’au moment présent. L’attention de l’artiste s’est déplacée au-delà des histoires horrifiques du contrôle colonial belge vers la situation contemporaine où les pouvoirs néo-coloniaux ont de nouveau affirmé leur domination sur la vie des Congolais ordinaires. Pour satisfaire les demandes insatiables de l’industrie informatique et des installations de production de batteries « vertes », les entreprises internationales s’engagent actuellement dans l’extraction rapide des riches ressources minérales du Congo, notamment le cobalt, le cuivre et le coltan. Actuellement, plus de 40% de la capacité de production de métaux lourds du pays est contrôlée par des entreprises chinoises, ajoutant une tonalité ironique aux accessoires en plastique bon marché, sans oublier le visage « mignon » de Panda apparaissant dans des peintures comme Red Energy.

Depuis de nombreuses années, des rapports troublants de déforestation, de pollution des terres par des déversements d’eaux usées, de contamination de l’eau potable et de restriction des mouvements des populations locales sont devenus de plus en plus courants. Les impacts néfastes des processus miniers industriels sur la production alimentaire, la santé humaine et la biodiversité locale sont bien documentés, en particulier dans le Katanga, dans la partie centrale de la RDC, où les parents de Kamuanga tracent leurs origines.

Avec leur peau marquée par des motifs complexes de circuits numériques, les figures de Kamuanga agissent comme des témoins involontaires de la collision constante entre les mondes opposés de l’ancestral et du moderne, et des forces locales et globales. Les peintures détaillent le coût terrible en vies humaines que nos demandes incessantes de technologies modernes imposent aux victimes invisibles prises dans les conséquences d’une exploitation minière industrielle qui tient peu compte de la destruction environnementale et de la dégradation humaine. Accablées par le poids écrasant de l’histoire, les figures emblématiques de Kamuanga portent les cicatrices d’une nation luttant pour naviguer dans les eaux traîtresses de l’exploitation néo-coloniale, ainsi que l’érosion d’un patrimoine culturel incapable de protéger l’environnement naturel qui, autrefois, l’avait nourri et soutenu.

Dates de l’exposition : 14 novembre 2024 – 25 janvier 2025.

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