La Galerie MAGNIN-A est heureuse de présenter Nou ak sa n pa wè yo [Nous et les Invisibles], première exposition personnelle en France du peintre haïtien Shneider Léon Hilaire, sous le commissariat de Régine Cuzin.
Ce 1er janvier 2024, Haïti a célébré les 220 ans de son indépendance, proclamée le 1er janvier 1804. Depuis cette date, la première République noire paie chèrement la liberté que les esclaves, avec audace et courage, ont conquis. Haïti, sous domination de la France, avait vécu l’abolition de l’esclavage par la Révolution française en 1794, mais Napoléon le rétablira en 1802. Dans cette histoire mouvementée, le peuple haïtien, malmené par des tragédies comme les guerres, le séisme, les épidémies, les dictatures, surmonte ces chocs traumatiques avec une résistance et une créativité qui forcent l’admiration, qu’il s’agisse de littérature, de cinéma, de théâtre, d’arts visuels…
Alors qu’aujourd’hui cette île de la Caraïbe est déstabilisée par une grave crise politique, sociale et économique qui entraîne violences, insécurité, et gangrène la vie quotidienne des Haïtiens, la création artistique et les initiatives culturelles ne faiblissent pas et demeurent incroyablement vives. Présenter le travail d’un jeune peintre haïtien de 33 ans à Paris revêt un caractère unique, car trop peu d’artistes contemporains qui vivent et travaillent en Haïti et dans la Caraïbe sont actuellement mis à l’honneur.
Le travail de Shneider Léon Hilaire est irrigué par la présence du vaudou, apporté du Bénin par les Africains mis en esclavage, et renvoie au rapport que la société entretient avec la mort. Dans le vaudou, les êtres ne meurent pas, ils surveillent et protègent les vivants ; les morts ne sont pas morts, ils sont juste invisibles. Tel un griot qui transmet la mémoire, Shneider Léon Hilaire transcrit sur la toile l’oralité d’histoires, de contes et de légendes qu’il a recueillis avec bienveillance à travers le pays, un peu à la manière d’un anthropologue.