C’est l’heure du goûter à la maison juste à côté de l’épicier. Du thé à la menthe, des beignets de la veille coupés en morceaux puis arrosés de miel et de beurre fondu. La grande tante met son verre de thé vide à l’envers puis, avec deux petites cuillères, elle donne le rythme. La mère commence alors à chanter,
sa voix est si belle qu’elle donne envie à sa fille d’aller chercher le Bendir; sa dissertation pour demain peut attendre. Pour répondre au Bendir, roi des fêtes aux basses si généreuses, le frère, encore adolescent, un sourire ravi aux lèvres, se trouve un coin de table vide et donne deux tapes consécutives régulières.
Les percussions de ce petit orchestre remontent si loin dans la mémoire populaire, qu’en écho, des youyous retentissent chez les voisins. Peut-être se joindront-ils à cette fête qui n’a de raison d’être que le son de deux cuillères contre un verre de thé vide.
Ce monde est enfoui au fond de ma mémoire. Il a le goût de menthe et de sucre chaud, l’odeur de fleur d’oranger, un après-midi de printemps.
Maintenant qu’il est évoqué, je me demande s’il a réellement existé ou si je l’ai inventé. Peu importe.
Aassmaa Akhannouch
Nous vous invitons avec l’artiste marocaine Aaassmaah Akhannouch à participer à une vente caritative lors de l’exposition de son nouveau travail, un monde oublié.
Notre galerie, depuis toujours, donne une place importante aux artistes des pays du Maghreb et est solidaire avec ces femmes, enfants et hommes du Maroc qui en une nuit ont tout perdu.
De chaque vente, nous verserons 30 % au Fonds spécial de gestion des effets du tremblement de terre lancé par le gouvernement du Maroc.
Le prix des oeuvres est de 1 000€. 300€ versés au Maroc, ce n’est pas beaucoup, mais chaque geste compte.
– Esther Woerdehoff & Jehan de Bujadoux